House of boys : au coeur des années 80

Films, Le SNEG vous recommande — 7 novembre 2012

Amsterdam, 1984. Frank a tout juste 18 ans. Gay assumé, il profite de la vie qu’il croque sans complexe, pour le plaisir, sans chercher au-delà du jour présent. Quand il quitte la maison de ses parents, il est d’abord hébergé chez une amie mais bien vite, se retrouve à la rue. Là, il atterrit au House of Boys, club gay où les serveurs et strip teaseurs vivent en communauté. Parmi ses nouveaux collègues, il rencontre Jake, le garçon vedette de l’endroit. Très vite, il en tombe amoureux et pour une fois, n’obtient pas sur le champ, un retour à son attente. Mais les sentiments de Frank ne sont pas la seule menace qui pèse sur lui et sur Jake. Au milieu des années 80, surgit un invité que personne n’avait pourtant convié…

Film luxembourgeois réalisé par Jean-Claude Schlim, « House of Boys » respire à fond les eighties : le look des garçons, la musique que l’on écoute alors et surtout, dans la petite première moitié de la décennie, l’insouciance des gays libérés de leur chaînes, morales, sociales… Le personnage de Frank incarne à la perfection cette liberté, cette soif de vivre et de brûler la chandelle par les deux bouts, au risque de la superficialité que seule la jeunesse peut à la fois expliquer et excuser. Il faudra cette rencontre avec Jake, la maladie et son cortège de douleurs, pour que Frank découvre la face noire de l’existence, tragédie plus que comédie, pour comprendre la vraie nature des sentiments, devenir adulte et tirer de la plus terrible des expériences, une vraie leçon de vie…

Chronique d’une jeunesse insouciante avant qu’elle ne se heurte frontalement et sans le moindre avertissement à l’un des drames d’une fin de siècle et de millénaire, « House of Boys » marque le contraste d’entre deux époques, l’avant et l’après sida, d’une manière saisissante. Les personnages, leurs situations, ne sont pas particulièrement originaux ni intéressants au départ de l’histoire, surtout celui du jeune Frank. Il faudra que lui et ses amis du House of Boys soient confrontés au drame pour qu’ils deviennent attachants. A la fois « Magic Mike » pour l’univers du strip tease façon 80’s et « Philadelphia » pour le récit appuyé (trop ?) de la maladie, « House of Boys » ravive les mémoires des plus anciens et remet le doigt sur une période passée que les plus jeunes ne connaissent pas forcément, au risque à leur tour, de baigner dans l’insouciance et comme un éternel recommencement, que le destin ne leur réserve à eux aussi un mauvais sort. « House of Boys » est distribué par Outplay, société adhérente du SNEG & Co.

Rémi Calmon

« House of Boys » de Jean-Claude Schlim. En salles le mercredi 7 novembre 2012. En DVD le jeudi 2 mai 2013. 14,99 €.